Allocution lors du congrès de printemps de la SJDF en 2016

 

Monsieur le Vice-Président aux affaires internationales de l’université Waseda,
Monsieur le Conférencier, Chers collègues, Mesdames et Messeiurs

En tant que Président de la SJDF, je voudrais exprimer en premier lieu ici toutes mes condoléances aux victimes du séisme survenu le 14 avril à Kumamoto. Nous avons des collègues à l’université nationale de Kumamoto aussi bien qu’à l’université départementale de Kumamoto. Mes pensées vont à eux, dans l’espoir qu’ils retrouveront rapidement une vie calme et paisible.

Maintenant, je tiens à remercier à l’université Waseda, qui nous accueille dans ce beau batiment. Si un campus offre l’image symbolique de l’enseignement universitaire qui s’y dispense, celui de Waseda nous promet un enseignement de grande qualité et une profonde ouverture à la communauté internationale.

Ce présent congrès a choisi pour le thème « La parole des apprenants de FLE au Japon : évaluer, corriger, guider » et nous sommes très honorés d’avoir parmi nous M. Lionel Fontan, spécialiste de l’enseignement de la phonétique à l’université de Toulouse, dont l’invitation est réalisée grâce au concours de notre collègue, Sylvain Detey, et j’en remercie sincièrement à Sylvain. Récemment notre Société n’avait pas proposé de thèmes de nature directement méthodologique, privilégiant plutôt l’aspect didactique et parfois politico-linguistique de l’enseignement des langues étrangères.

Mais l’enseignement de la phonétique se situe au coeur des débats et des enjeux dès le début de la mise en place de l’enseignement du français aux étrangers. Lorsque l’Abbé Rousselot, inventeur de la phonétique expérimentale et professeur au Collège de France, a créé la discipline en la dotant d’un véritable appareil scientifique, il s’occupait de la formation des professeurs étranger de français dans les Cours de vacances organisés par l’Alliance française. Les enseignants étrangers de français se rassemblaient à Paris pour se former en langue, littérature et civilisation auprès d’éminents spécialistes, et le cours de phonétique expérimentale était, au dire de Ferdinand Brunot, directeur des cours, le lieu par excellence pour présenter les dernières avancées de la science française. En cette fin du XIXe siècle, l’Abbé Rousselot voulait que les étrangers découvrent les progrès scientifiques mis au service de l’enseignement du français. En d’autres termes, l’enseignement de la phonétique a d’abord été appliqué non pas aux enfants français dans le cadre de l’Ecole de la République, mais aux étrangers, et cela en vue de former la méthodologie de la prononciation des professeurs étrangers de français.

La phonétique n’était pas valorisée uniquement dans la classe du français, puisqu’elle a servi à former la nation au moyen de la mise en place de la prononciation standard. L’Abbé Rousselot disait au début du XXe siècle : « Le sentiment d’unité, qui se manifeste dans tous les pays, fait naître le besoin d’un type unique pour chaque langue nationale non seulement dans l’écriture (ce qui existe déjà), mais aussi dans la prononciation (ce qui est encore loin de se réaliser complètement). » , ajoutant que « le fond de la prononciation française, c’est à Paris qu’il faut le chercher. » L’idée de l’Abbé Rousselot s’est transmise ensuite à son disciple, Maurice Grammont, qui a généralisé dans une optique universitaire cette représentation du français standard, au moins du point de vue phonétique. De telles données de l’histoire de l’enseignement du français témoignent de l’importance de l’enseignement de la prononciation en classe de langue, et cela d’emblée en dehors de l’Hexagone. Et de la même façon, elles le justifient.

Il y a un an je vous ai proposé, à la fin du congrès de printemps à l’université Keio, de réfléchir sur l’avenir de notre société, la SJDF, à long terme, sur une durée de trente ans, et aussi d’agir pour que cet avenir puisse se réaliser. J’estime que nous avons progressé depuis puisque notre projet de congrès régional de la FIPF en 2017 à Kyoto a bénéficié de la subvention publique Kakenhi en vue de développer et de renforcer la coopération internationale. En septembre 2017, la SJDF organisera le quatrième congrès régional de l’Asie-Pacifique à Kyoto, et cela avec votre aide à vous tous. Je vous invite tous à y participer et à partager un moment fort avec nos collègues d’Asie-Pacifique. Nous espérons accueillir quelque trois cents professeurs de français pour défendre la cause de l’enseignement du français.

D’ailleurs certains d’entre vous participent au congrès mondial de la FIPF cet été à Liège pour vivre « le français ardent », comme le disait Jean-Marie Klinckenberg.

Tous ces engagement internationaux semblent peut-être à certains nous faire sortir de la classe de français. Cependant partager avec des collègues d’autres origines, d’autres milieux, venant d’autres institutions, peut alimenter nos idées, et devenir une source de réflexion, et cela au moyen du français, langue de partage. Nous avons certes des idées à partager ; en les partageant nous pouvons nous enrichir réciproquement au niveau de la pratique comme de la réflexion.

Je vous souhaite donc un excellent congrès. Qu’il soit pour vous un moment fructueux de partage en français.

NISHIYAMA Noriyuki,
président de la Société Japonaise de Didactique du Français (SJDF)

 

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