• Du 20 au 22 novembre 2015

Le congrès international 2015 à Fukuoka

Suite au succès rencontré par le colloque international conjointement organisé par la Société Japonaise de Didactique du Français (SJDF) et la Société Coréenne de l’Enseignement de Langue et de Littérature Françaises (SCELLF) à Séoul en 2013, nous avons décidé de renouveler cette expérience pour l’édition de 2015 et d’élargir l’horizon de cette collaboration en invitant également nos amis taïwanais. De cette manière, ce sont trois associations de l’Asie de l’Est qui organisent un congrès international portant sur l’enseignement du français à l’heure de la glocalisation.

L’hégémonie de l’anglais semble s’établir de manière incontestable dans la région aux dépens des autres langues qui ne cessent, à première vue, de reculer. Pourtant l’enseignement de la langue de Molière se développe malgré tout, par exemple en Chine continentale, pour des raisons économiques, alors que la Corée du Sud se replie de plus en plus vers l’anglo-américain, et qu’une approche utilitariste des langues au Japon bénéficie essentiellement à la diffusion de l’anglais. Taïwan, quant à elle, reste ambivalente vis-à-vis de l’enseignement des langues autres que l’anglais pour des raisons géopolitiques, puisqu’elle n’évince pas entièrement l’enseignement des langues autres que l’anglais, même dans l’enseignement secondaire.

Le présent congrès international cherche à dégager les caractéristiques d’une culture éducative propre à l’Asie de l’Est ; la zone partage certes un certain nombre de valeurs comme l’a illustré de manière exemplaire la culture du confucianisme, alors que la situation géopolitique exerce de près ou de loin une influence sur la politique linguistique éducative et, de là, sur la méthodologie en classe de langue, ce qui produit des effets de différenciation au niveau local. Les convergences ainsi que les divergences dans l’enseignement du français se présentent donc comme des enjeux de débat à l’époque de la glocalisation en Asie de l’Est. Le congrès international de Fukuoka souhaite par conséquent s’interroger sur ces problématiques avec les acteurs de terrain et les théoriciens.

Deux tables rondes sont prévues à cette fin : l’une portant sur l’enseignement du français en Asie de l’Est à l’heure de la glocalisation et l’autre dédiée au rapport entre francophonie/Francophonie et identité. Le programme sera en outre riche de deux conférences plénières assurées par deux conférenciers invités, un atelier d’écriture animé par un écrivain francophone, ainsi que plusieurs ateliers de réflexion pédagogique. Le congrès s’achèvera avec un spectacle musical d’Afrique francophone.

L’enseignement du français à l’ère de la glocalisation en Asie de l’Est

L’intensification de la mondialisation crée une diffusion massive de l’anglais comme langue universelle aussi bien qu’une évolution permanente des TICE qui permet des progrès considérables dans l’environnement éducatif. Ce congrès international réunit des professeurs et des didacticiens de français de la région d’Asie de l’Est, et d’ailleurs, pour étudier les valeurs, les enjeux et les perspectives ouvertes à l’enseignement du français, du point de vue de la politique linguistique, du curriculum, de la pédagogie, de la formation des professeurs, de l’interculturel aussi bien que de la francophonie. Nous ne sommes certainement pas disposés à accepter une pensée unique, ni un système de valeurs unique, plus encore nous sommes tous invités à faire vivre la diversité linguistique et culturelle, et cela en vue de mettre en place un enseignement des langues encourageant un développement harmonieux et durable de la communauté internationale.

Il semble que l’enseignement des autres langues recule par rapport à celui de l’anglais qui domine de plus en plus en Asie de l’Est. Pourtant l’enseignement du français est en grande expansion en Afrique, dans le monde arabe et même en Chine, où le marché africain francophone attire de plus en plus les jeunes diplômés, au point de voir ouvrir chaque année une bonne cinquantaine de sections de français dans les universités chinoises. La Corée, quant à elle, se trouve dans une situation critique pour l’enseignement des langues autres que l’anglais, qui triomphe non seulement sur le marché économique mais aussi dans le paysage éducatif. L’hégémonie du globish, de l’anglais à vocation commerciale, se développe également à Taïwan alors que la politique linguistique éducative cherche à favoriser l’enseignement des langues étrangères différentes au niveau de l’enseignement secondaire, ce qui correspond d’une part à la situation géopolitique de l’île, mais aussi à une certaine volonté d’indépendance dont témoigne d’autre part sa politique extérieure. Quant au Japon, l’enseignement des langues se trouve en grande difficulté, les assauts répétés de l’anglais imposant une conception étroitement utilitariste dans les sciences comme dans les affaires.

La SJDF a consacré jusqu’ici une large partie de ses efforts à une meilleure diffusion des savoirs par le biais de congrès internationaux et de notre revue scientifique. En 2013, le premier congrès conjoint avec la SCELLF s’est tenu à Séoul pour dégager des problématiques propres à l’enseignement du français dans les deux pays. Suite au succès remarquable du congrès nippo-coréen, nous avons élargi notre horizon pour inviter nos amis taïwanais, afin de mettre en lumière les spécificités de la culture éducative et d’apprentissage dans un contexte régional commun. Nul ne peut nier que la situation géopolitique exerce une influence sur la politique linguistique, y compris dans la pédagogie en classe de langue, et se traduit bien souvent par des manifestations similaires de la culture éducative commune aussi bien que par des différences marquées dans nos trois pays respectifs. Nous partageons, à coup sûr, un certain nombre des enjeux d’enseignement liés à la ou aux cultures éducatives, telles qu’on les retrouve, par exemple, dans les relations entre professeurs et apprenants. Ces différences comme ces ressemblances dans l’enseignement/apprentissage des langues exigent donc d’être mises en lumière pour mieux nous connaître et mieux nous comprendre les uns les autres.

Nous espérons, et c’est là notre vœu le plus cher, que ce deuxième congrès international, réunissant nos trois pays, sera riche en échanges et en découvertes, et cela en faveur de la langue française comme langue de partage.

Noriyuki NISHIYAMA
Président de la Société Japonaise de Didactique du Français